Coucou tous le monde ! Encore un petit texte, écrit il y a un bout de temps maintenant. C'est une scène d'amour un peu lyrique comme j'aime bien en faire. J'attends vos réactions !
Le soleil d’été flamboie sur l’épaule de Céleste. Quand elle a enlevé sa barrette, les rayons orangés se sont entremêlés avec ses mèches blondes, et l’astre entier s’est vu entrainé dans le filet de sa chevelure lorsqu’elle a commencé à danser. Le soleil déclinant tournoie à présent avec elle, s’écoule dans les plis fins de sa robe neuve, embrase son cou, sa poitrine et ma rétine, de sorte que je dois plisser les yeux pour voir sa silhouette valser au milieu du champ.
Céleste danse sans raison, ou plutôt pour mille raisons insignifiantes ; pour que les volants de sa robe virevoltent autour d’elle, pour que les herbes hautes chatouillent ses jambes nues, pour goûter la légèreté de l’air sur la légèreté de son corps. Et moi, je reste assis sur le petit muret de pierre pour le simple plaisir de la regarder. A chaque tour qu’elle fait sur elle-même, son visage rose se tourne vers moi, et la courbe de son menton est comme une caresse sur ma peau. Elle sourit ; ses dents blanches scintillent, et je sens s’engouffrer dans mon corps le souffle du mistral et l’haleine du sirocco. Toujours quand je croise son regard, je sens dans mon bas-ventre battre les saisons.
Enfant déjà, quand je l’apercevais dans la cour de l’école, bousculant ses amies dans une de ces disputes qui s’achèvent toujours sur des éclats de rire, le temps me paraissait plus clair et la vie plus joyeuse. Chaque jour un peu plus, lorsque nous parlions ensemble, je sentais la lumière crépiter dans mon corps, et mon nom dans sa bouche me semblait un caramel dans la mienne.
Cet été sur les plages de Corse, j’ai vu le soleil briller davantage sur son dos nu que sur le sable blanc, j’ai senti la douceur de ses bras dans la fraîcheur des vagues ; et le feu du simoun a envahi mon ventre.
Certains soirs orageux, quand les cymbales du ciel cinglent le tambour de la pluie, il lui arrive de se blottir contre moi, par instinct ou par jeu ; et ses mèches soyeuses sont autant d’éclairs qui caressent ma peau et sèment la tempête dans ma poitrine.
Et aujourd’hui, assis devant cette étendue blonde et drue qui ondule au rythme du corps de Céleste, je laisse la braise solaire m’assaillir dans les vagues brûlantes de sa robe neuve, dans les sandales blanches abandonnées par ses pieds au bord de mon mur, dans l’aiguille éblouissante de la barrette laissée dans ma main ; et c’est mon cœur qui brûle comme un champ dans le soir, qui se soulève et vole comme un volant de soie et qui, coup après coup, bat l’ardente mesure de la valse enflammée de Céleste.
Mon père me rejoint ; la lumière orangée colore son front dégarni et son sourire fatigué ; il s’appuie contre le muret et me frotte l’épaule, ses yeux gris perdus dans la même direction que moi ; je sens une ombre de fierté dans son soupir.
« Tu ne trouves pas que cette robe va vraiment bien à ta sœur ? »