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 [Narration] Écrire une fin ouverte.

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Pumpkin
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Pumpkin


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MessageSujet: [Narration] Écrire une fin ouverte.   [Narration] Écrire une fin ouverte. Icon_minitimeVen 21 Juil - 12:36

Certaines nouvelles se contentent très bien d’une fin fermée, notamment les nouvelles à chute. C’est une possibilité ; je ne dis pas que chaque nouvelle doit avoir une fin ouverte. Mais si vous voulez suivre la voie de la fin ouverte, voici quelques conseils.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, qu’est-ce qu’une fin ouverte ? Si je me contente de répondre « c’est un fin qui n’est pas fermée », on ne sera pas plus avancés. Pourtant, c’est juste ça. Alors qu’est-ce qu’une fin fermée ? C’est une manière de terminer un récit en ayant résolu toutes les intrigues. Un récit est composé d’une ou plusieurs intrigues, chacune étant ouverte à un moment donné de l’histoire, pas nécessairement au début. Une intrigue est fermée lorsque la tension qu’elle provoquait, lorsque les questions qu’elle posait sont résolues. La plupart des récits fermés se terminent pas un grand dénouement où l’intrigue principale est résolue.
Une fin ouverte est une narration qui se termine sans que toutes les intrigues, principales ou secondaires, soient résolues. Certaines peuvent avoir été fermées, mais s’il reste des questions sans réponse, des attentes insatisfaites, c’est une fin ouverte.

Prenons un exemple très simple : un héros part accomplir une aventure. Plus concrètement, imaginons un monde médiéval-fantastique où un chevalier est chargé de tuer un dragon. Dans un récit fermé, le premier chapitre présentera le personnage et sa quête, créant l’attente d’une résolution : le chevalier affrontera le dragon. L’intrigue est ouverte et elle crée une tension : on ne sait pas encore si le chevalier va triompher ou mourir au combat. Le dernier chapitre met en scène cet affrontement et apporte cette réponse : le chevalier est victorieux. Ce sera une fin fermée.

Maintenant, prenons un exemple de fin ouverte. Gardons notre histoire de chevalier, et ajoutons une intrigue : le roi promet le titre de baron à celui qui tuera le dragon. Sauf que ce n’est pas réellement une intrigue : il faut une tension. Mettons que le roi est cupide et qu’il se peut qu’il ne tienne pas parole. La question est : que se passera-t-il lorsque le dragon sera mort ? Si, ayant ouvert cette intrigue, j’arrête le récit à la victoire du chevalier, il reste un élément irrésolu : deviendra-t-il baron ou non ? Le lecteur est alors invité à imaginer la suite.

Créer une fin ouverte nécessite de laisser un doute. Créer une bonne fin ouverte est une question de dosage des indices. Donnez-en trop et votre nouvelle prendra une fin pratiquement fermée. Si, dans notre exemple précédent, je donne l’indice que le chevalier fait partie d’un ordre religieux qui a le pouvoir de contraindre le roi à respecter son engagement, il n’y a plus de doute : le chevalier deviendra baron à coup sûr. À l’inverse, si vous ne donnez pas assez d’indices, votre lecteur n’aura aucun moyen d’imaginer une suite. Si le roi n’avait pas été cupide, personne ne doutera que le chevalier deviendra baron. Gardez en tête que le but d’une fin ouverte est de laisser le lecteur se poser une question, pas juste d’imaginer une suite. Dans notre exemple, une fois le dragon mort, le lecteur est laissé avec ce suspens : qui de la droiture du chevalier ou de la cupidité du roi triomphera ? Cet exemple est un peu trop simpliste pour amener un véritable questionnement moral, mais ce serait une bonne chose.

Créer une bonne intrigue ouverte n’est peut-être pas beaucoup plus difficile que de créer une bonne intrigue. Plus il y aura d’éléments de tension et de doute, plus la résolution ou l’absence de résolution sera riche. Reprenons notre idée d’ordre religieux mais sans qu’il soit assez influent pour imposer une décision. Rajoutons d’autres barons qui verraient d’un mauvais œil un simple chevalier devenir leur égal. Rajoutons le soutien des villageois au chevalier et le manque de territoire pour une nouvelle baronnie. On pourrait continuer ainsi encore longtemps, sans même rajouter d’autres intrigues. Que cette histoire de baronnie soit laissée en suspens ou résolue par le récit, ce sera une bonne intrigue. Et si elle est laissée ouverte, le lecteur aura de nombreuses prises pour imaginer non pas une fin, mais balancer entre plusieurs fins possibles et se poser différentes questions morales.

Notons également qu’une fin ouverte peut laisser un doute ailleurs que dans le futur du récit. Le doute peut concerner un élément obscur mais passé. Par exemple, on pourrait faire une ellipse autour de l’affrontement entre le chevalier et le dragon, faire revenir le chevalier seul, clamant sa victoire, mais personne ne retrouverait le dragon, ni vivant ni mort. Quelques indices pour accentuer la tension : le chevalier n’est pas blessé, il explique que le dragon est tombé dans un gouffre au moment de recevoir le coup fatal, et on apprend, plus tôt dans le récit, qu’il existe un sort de magie noire capable de faire disparaître les dragons. Deux versions sont alors plausibles : soit le chevalier dit la vérité soit il a fait usage de la magie noire. Si le récit se termine sans qu’une preuve ne soit amenée pour confirmer l’une des deux versions, la fin est ouverte et le lecteur est laissé avec cette question. Ce genre de fin peut amener à relire le récit pour y trouver d’autres indices, plus subtiles, et faire pencher la balance, voire résoudre la question, auquel cas le récit n’est ouvert qu’en apparence. (C’est le cas par exemple du film Inception, où la toupie de la dernière scène semble poser la question de la réalité de la fin, alors qu’un autre élément – pas de spoil – réponds sans ambiguïté à cette question.)

Abordons pour finir l’ouverture de dernière seconde. C’est une forme de chute et c’est d’ailleurs le rare cas de nouvelle à chute ouverte (la plupart des chutes amenant une résolution surprenante mais sans questionnement). Le principe est d’acheminer le récit vers une fin fermée mais d’ouvrir une nouvelle intrigue juste à la fin ou d’insinuer le doute dans la situation finale qui aurait été sans appel. Comme pour une nouvelle à chute fermée, il peut s’agir d’un retournement de situation, d’une révélation de dernière minute qui bouleverse l’ordre attendu, à la différence que le récit ne se retourne pas « proprement » : il resterait des choses à dire, des doutes à résoudre. L’alternative est d’employer un doute plus insidieux qui vient non pas retourner la situation mais corrompre les certitudes : la fin attendue reste la plus probable, mais elle n’est plus la seule possible. (Ça aurait été le cas de la dernière toupie d’Inception si un autre indice n’aurait pas apporté de réponse claire.)




N'hésitez pas à me donner vos avis en réponse à ce topic. Est-ce que ça vous a donné envie d'écrire une nouvelle à fin ouverte ? Est-ce que vous voudriez que j'écrive un sujet similaire sur les fins fermées, les nouvelles à chute ou les structures narratives ? Venez nous raconter vos exemples de fins ouvertes et dites-nous celles que vous préférez !
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