Beau travail, belle écriture. C'est dit.
J'aime bien le côté réaliste que tu instilles en faisant passer ton texte pour une lettre retrouvée. Seulement un détail sur la cohérence : tu dis que ton personnage est lâche (enfin c'est lui qui le dit). Trop lâche pour se suicider, mais aussi trop lâche pour se rendre (comme au début tu dis qu'il est disparu on sait à la fin qu'il ne s'est pas livré par exemple). Pourquoi du coup se donne-t-il la peine d'écrire cette lettre avec ses explications et ses "aveux" si de toute manière il compte s'enfuir ? Dans la même veine, il est dit que Julie est morte à l’hôpital. Donc elle n'est pas morte sur place, mais morte des blessures qu'il lui a infligées. (Sauf si depuis le début Julie est une malade hospitalisée à qui il vient rendre visite mais ça parait peu probable.) Du coup, moi, lectrice pinailleuse je me dis : hum... qui a appelé les urgences ? M.Mesnier ? Non, impossible sinon on lui aurait demandé d'où venait les blessures et étant donné qu'un visage déformé, une mâchoire brisée, des contusions liées aux coups et un col taché de sang ne s'obtiennent pas facilement avec un accident domestique, il aurait fini au poste, et n'aurait pas eu après ça ni l'opportunité d'écrire la lettre ni celle de disparaître. Et si ce n'est pas lui, c'est qu'il s'est enfui sans avoir accompli pleinement sa tâche d'assassin mais laissant la belle bien amochée et 30 secondes plus tard le livreur de pizza la découvre et l'emmène aux urgences dans sa voiture de course. Parce vu que ce qu'il lui inflige comme coups à la pauvre Julie, je la vois mal survivre bien longtemps.
Autre hypothèse qui viendrait ficher en l'air les dix dernières lignes (et je me suis vraiment posé la question en lisant le dernier paragraphe) : M.Mesnier n'a pas des pulsions de meurtre mais de viol. Pleins d'éléments du texte vont dans ce sens :
"picotement vif qui partait du bassin et parcourait l'échine tandis qu'une chaleur presque douloureuse consumait mes entrailles", "une féminité délicate et fragile" qui fait écho plus tard à "faible proie" et "toute puissance", "Je la voulais toute entière, près de moi, à chaque heure de la journée. Il m'était difficile d'accepter la distance qu'elle essayait parfois d'imposer. C'est à ce moment là que sont revenus mes picotements, à chaque refus qu'elle opposait à mes désirs." là tu lies clairement la frustration sexuelle avec ses pulsions,"le plaisir de la force brute", "râle de mon souffle", "plaisir honteux", "A voir ses soubresauts d'animal acculé sous mes coups" et "mes assauts répétés" (très sexuels ces deux là à mon goût).
Dans ce cas, l’hôpital s'explique mieux, il peut bien se passer plusieurs jours avant que la victime ne soit vraiment en état critique pour sa vie (ou ne décide de mettre fin à ses jours, ne réussisse pas tout à fait et finisse à l’hôpital), de plus le violeur n'a de raison de tuer Julie sur place, et le "délai" laissé entre l'agression et la prise en charge médicale, (plus le fait qu'on ignore qui est le coupable) laisse le temps à ce dernier d'apprendre que Julie est morte, d'écrire la lettre et de s'enfuir juste avant que la police ne s'en mêle.
Mais là tu peux me dire : oui, mais c'est pas du tout un violeur en fait c'est "juste" un meurtier. (J'en profite pour rajouter ici que le mot "assassin" n'a pas vraiment sa place dans la 4ème avant-dernière phrase, puisque comme je l'ai apprit récemment meurtrier = quelqu'un qui tue intentionnellement quelqu'un d'autre et assassin = pareil mais en plus il a préparé son coup à l'avance le gros bâtard, nuance nuance) Bref, je disais là tu peux me dire : oui, mais c'est pas du tout un violeur en fait c'est "juste" un meurtier. Et tu auras raison. (Evidemment puisque c'est ton texte !)
Tout ça pour dire que je trouve ton texte passsionant et intriguant !
J'aime aussi que tu aies choisi ce point de vue et que tu abordes cette histoire comme un combat, la défaite étant vue avec la gravité de ses conséquences.
Le rythme est aussi très bien géré, et même si le destin de tes personnages se profile assez vite (d'autant plus que je connais le thème) tu ne perds pas ton lecteur et mon intérêt s'est maintenu vif jusqu'à la fin.
La fin, maintenant. Malgré toutes les qualités de ton texte et le fait que je voie très bien ce que tu veux dire, j'ai beaucoup de mal avec la phrase finale : "l'absence d'un instant j'ai perdu mon combat.". "L'espace d'un instant" je vois bien mais "l'absence" je vois moins. A voir ce que tu en dis et ce qu'en pensent les autres.
Voilà !
J'espère tu ne prendras pas mal le pavé que je viens d'écrire. Mon commentaire est presque aussi long que le texte que j'ai posté... Mais plus c'est long plus c'est bon !
Merci d'avoir partagé ce texte avec nous ! Je te relirai avec plaisir!